Du 24 au 28 mars 2015, a eu lieu à Tunis le Forum Social Mondial. Totalement boycotté par les médias français et européens, ce rendez-vous des altermondialistes a pourtant été une réussite. Il s’est déroulé à peine quelques jours après l’attentat meurtrier du Bardo. Attentat dont les objectifs étaient de faire fuir les touristes, de saper l’économie et par là même déstabiliser la démocratie se mettant en place en Tunisie. La tenue du FSM a été à la hauteur des enjeux pour vaincre la peur après ces attentats, pour soutenir la société civile tunisienne, quatre ans après la révolution de jasmin. Les associations et militant.e.s tunisien-ne-s, très nombreux sur le forum, ont vu leurs luttes mises en valeur par les échanges avec les participants, sur des problématiques aussi actuelles et partagées que l’accueil des réfugiés, l’insertion des jeunes diplômés et chômeurs, le rejet des projets d’extraction de gaz de schistes ...
Les membres du comité organisateur du Forum social mondial ont enregistré la participation de 45 mille personnes venues de 121 pays, de 4 500 organisations tunisiennes et étrangères et la tenue concrète, dans les salles de cours et les amphis de l’université d’El Manar, de plus de 1070 ateliers de débats. La délégation française comptait 700 personnes parmi lesquelles deux camarades de la CGT éduc’action !
Qu’est-ce que le Forum social mondial ?
Le premier Forum social mondial de 2001 à Porto Alegre était une réponse des mouvements sociaux au Forum économique mondial de Davos réunissant des dirigeants d’entreprise, des responsables politiques du monde entier tous d’accord et unis pour libéraliser le commerce et appliquer des politiques néo-libérales.
Le FSM s’est caractérisé par sa pluralité et sa diversité. Il a popularisé le slogan « un autre monde est possible » et est devenu un espace de débat démocratique d’idées, d’approfondissement de la réflexion, de formulation de propositions, d’échange d’expériences et d’articulation des mouvements sociaux, réseaux, ONGs, syndicats qui s’opposent au néo-libéralisme et à la domination du monde par le capital et par toute forme d’impérialisme. Il est devenu un lieu unique de mise en place de coalitions internationales en facilitant l’articulation d’associations et de mouvements engagés qui travaillent ensemble pour des campagnes et un agenda commun sur différentes thématiques.
A Tunis pour cette édition 2015 du FSM, plus d’une trentaine d’Assemblées de convergence, réunies les deux dernières demi-journées du Forum, ont abouti à des résolutions sur les défis des mobilisations à venir comme la journée d’action mondiale du 18 avril, pour le rejet des accords de libre-échanges et des politiques d’austérité menés au Sud comme au Nord totalement au bénéfice des multinationales. Comme la journée du 1er Mai, qui sera cette année sous le signe de la solidarité avec le peuple grec dans son bras de fer face aux institutions de l’Union européenne pour mettre un coup d’arrêt aux politiques d’austérité : la Banque Centrale Européenne ne lui laissant le choix qu’entre la ruine financière ou la dévastation sociale. Comme la campagne pour l’égalité des genres avec la Marche mondiale des femmes et un rendez-vous en octobre 2015.
L’urgence climatique : au cœur du FSM !
La France va accueillir et présider la 21e Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques au mois de décembre 2015. Cette COP21, qui aura lieu au Bourget, devait initialement aboutir à un nouvel accord international sur le climat applicable à tous les pays. Le bilan de la COP 20 de Lima, en décembre 2014, n’a pas permis de constituer l’étape nécessaire à un accord à Paris, il y a trop de désaccords entre l’Union européenne, les États-Unis et la Chine, chacun remettant ses efforts à plus tard, en 2025 voire en 2030 ! L’« Économie verte », les agrocarburants, les organismes génétiquement modifiés, les mécanismes de marché carbone comme le REDD (Réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation) sont tout autant de fausses solutions envisagées. Le gouvernement français ne s’y trompe pas, revoyant à la baisse les attentes liées à l’accord de Paris2015 !
Or, le dernier rapport du GIEC montre que le changement climatique s’accélère et que si des mesures urgentes ne sont pas prises, la température moyenne à la surface de la Terre s’élèvera de 4°C à la fin du siècle produisant des conséquences dramatiques pour l’humanité. Il faudrait pour éviter cela « réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 à 70% d’ici 2050 ». La COP21 doit donc devenir un moment important de mobilisation de la société civile permettant de focaliser l’attention des peuples du monde entier sur les enjeux climatiques. La coalitionclimat21 a proposé de tenir des réunions durant le FSM pour discuter des stratégies de mobilisation autour de la COP21. Ces réunions ont permis d’avancer sur la forme, les objectifs et l’agenda de la mobilisation du mois de décembre 2015.
Toute l’année 2015 sera jalonnée d’initiatives pour cette campagne avec des temps forts les 28 et 29 novembre, o๠se tiendront des manifestations dans les grandes villes du monde pour affirmer nos exigences aux chefs d’États se dirigeant vers Paris. A partir du 6 décembre, se mettra en place à Paris un « Sommet des Peuples », vaste espace de convergence et de débats entre tous les participants à la mobilisation. Le 12 décembre, lors de la clôture de la conférence officielle sur le climat, une très grande manifestation internationale défilera à Paris rappelant que la société est unie face au défi majeur pour l’humanité qu’est la question climatique.
Dans l’académie de Créteil, en particulier en Seine-Saint-Denis, les enseignants et les élèves sont particulièrement concernés par la préparation officielle de l’événement COP21 car elle aura lieu au Bourget. Le Rectorat a proposé des formations dans le programme académique de formation, des interventions dans les établissements scolaires, il a recruté des élèves pour accueillir cette conférence. La Région àŽle-de-France s’engage de son côté à aider financièrement en priorité les projets Alycce en rapport avec la COP21.
La CGT Educ’Action a donc toute sa place dans la construction d’une mobilisation d’ampleur sur les questions climatiques. Sa présence au FSM de Tunis était en particulier liée à cette actualité !
Flavia Verri - Lycée Simone Weil - Pantin