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Marche départementale pour l’emploi et l’avenir de la Seine-Saint-Denis

Nous étions 2 500 !!!

jeudi 17 janvier 2013

La marche pour l’emploi et l’avenir de la Seine Saint Denis, à l’initiative de l’intersyndicale CGT, CFDT, FSU, UNSA, CFE CGC, Solidaires, a rassemblé près de 2500 manifestants !

Les salariés de PSA en grève, ceux de Sanofi en manifestation à Paris, les salariés sans papiers qui ont occupé la DIRECTE, des travailleurs de nombreuses entreprises venus décrire les luttes qu’ils déploient, des fonctionnaires ne là¢chant pas sur l’exigence de la fin de la RGPP, devenue MAP, le mouvement social du département a saisi cette date pour se faire entendre !

A l’issue de cette marche, une lettre ouverte de la CGT a été déposée au secrétaire général de la préfecture, suite au refus du Préfet de recevoir une délégation.

Vous trouverez ci-dessous cette lettre ouverte.


Lettre ouverte au
Préfet de la Seine-Saint-Denis

Monsieur Le Préfet,

Comme vous le savez nous sommes extrêmement préoccupés par la situation de l’emploi sur le département. Grave danger sur la filière automobile avec la volonté de fermeture de l’usine PSA d’Aulnay, plan massif de suppressions d’emplois à Air France avec toutes les incidences sur les entreprises de la plate-forme de Roissy, Sanofi, Presstalis, précarité et manque de moyen dans la fonction publique, etc…

Tous les voyants sont au rouge. Nous sommes venus ici relayer l’exaspération, les colères et les revendications des salariés du département. Nous sommes venus interpeller l’Etat qui a des leviers d’action, et une responsabilité particulière dans la période, dans un département, le plus jeune de France, que nous estimons sous administré et singulièrement maltraité par le patronat !

Le développement du tertiaire sur notre département ne peut répondre à lui seul à nos besoins d’emplois. De ce point de vue, l’industrie doit et peut continuer d’irriguer le tissu économique départemental. C’est un élément essentiel d’un développement économique et social solide. Nous exigeons un Etat volontariste, sur le dossier PSA, pour lequel la CGT a formulé un contre-projet (ci-joint) qui évite la fermeture de l’usine d’Aulnay. Ce projet mérite d’être pris en compte. De plus, les syndicats doivent être associés et écoutés à tous les niveaux. Ainsi, ils doivent être intégrés aux réunions du comité opérationnel concernant la ré-industrialisation du site de PSA. Plus que jamais l’ambition du maintien de l’usine PSA, de la production de la C3 jusqu’en 2016 et du développement de nouvelles activités industrielles sur les surfaces disponibles doivent se conjuguer harmonieusement pour la sauvegarde de l’emploi mais aussi son développement. L’impatience de la direction de Peugeot pour démanteler l’usine et vendre les terrains est un mauvais signe, qui appelle la plus grande fermeté de la part des autorités publiques. Il s’agit de faire prévaloir l’intérêt des populations du territoire et rappeler à Peugeot sa responsabilité sociale. L’heure n’est pas à la précipitation, bien au contraire. Il est temps que des discussions sérieuses s’ouvrent enfin. Notre soutien est plein et entier au mouvement de grève décidé hier sur le site d’Aulnay.

De par les aides et soutiens que l’Etat fournit aux entreprises, il est possible de peser. Par exemple, nous pouvons citer, les 7 milliards d’aides que l’Etat accorde de nouveau à PSA via sa filiale bancaire ou encore les 135 millions d’€ de crédit impôts recherche que reçoit Sanofi. L’aide publique pour casser des emplois ce n’est plus acceptable ! L’exigence d’aide publique sous conditions, pour l’emploi, les salaires, ne cessent d’être revendiqué par les salariés et il faut qu’elle soit entendue !

Comment accepter le nouveau plan de restructuration de Sanofi, alors que le groupe réalise 8,8 milliards d’euros de profit cette année. En 5 ans la direction a supprimé 3 886 emplois en CDI et des milliers d’emplois induits, sans se priver durant ces années d’aides de l’Etat, et en affichant à chaque exercice des profits insolents ! Plusieurs sites sont à présent menacés, dont celui de Romainville. En écho aux revendications de l’intersyndicale du groupe Sanofi, qui organise aujourd’hui une manifestation sur Lyon et Paris, nous demandons à l’Etat d’intervenir pour obtenir le gel du plan de restructuration, et la tenue de réunion tripartite avec les pouvoirs publics.

De même l’Etat doit intervenir plus fermement pour sauver les 1250 emplois de Presstalis et le site de Bobigny. Dans le cas d’espèce, la catastrophe sociale se doublerait d’une autre catastrophe car ce serait la fin programmée du système égalitaire et démocratique de la distribution de la presse et donc de son pluralisme.

Sur la plate-forme de Roissy, la question de l’emploi c’est aussi l’extrême précarité des contrats de travail. Par le biais des passations de marché les entreprises, ont constitué une zone d’exception qui fait qu’un CDI n’est en réalité valable que le temps du marché obtenu. Cela ne peut plus durer. Sur la plateforme de Roissy les emplois sont non délocalisables. Cette précarité organisée ne sert ni plus ni moins qu’à renforcer les profits des sociétés. Nous sommes venus demander la constitution d’un groupe de travail sur ce sujet, associant Etat, patronat et organisations syndicales, pour œuvrer à la sécurisation des contrats de travail sur la zone aéroportuaire de Roissy pour une véritable sécurité sociale professionnelle et un nouveau statut du travail salarié.

De ce point de vue, l’accord sur la « sécurisation de l’emploi » de vendredi dernier ne répond pas aux attentes des salariés. Un récent sondage le confirme. Cet accord sécurise les licenciements, organise l’impunité des entreprises et précarise encore la situation des salariés. Nous informerons et mobiliserons les salariés sur la nocivité de ce texte jusqu’au débat parlementaire. La responsabilité de l’Etat est totalement engagée ainsi que celle des parlementaires. C’est l’expression majoritaire des salariés qui doit l’emporter. Les récentes élections dans les TPE valide dans ce sens la démarche de la CGT.

La Seine-Saint-Denis est un territoire très jeune, qui connaà®t une forte croissance démographique. Cette réalité ne nous semble pas assez prise en compte par l’Etat. L’éducation et la formation professionnelle sont ici des enjeux essentiels. Aussi, nous réclamons un plan d’urgence d‘embauche de professeurs des écoles pour ne plus avoir d’élèves sans enseignant dans nos primaires. La Seine-Saint-Denis a connu la pire rentrée de France s’agissant du remplacement des enseignants absents. L’égalité républicaine est ici encore une fois bafouée.

Après 10 ans de résistance aux projets successifs de démolition de l’AFPA, les salariés ont obtenu de l’actuel gouvernement une recapitalisation de l’association à hauteur de 220 millions d’euros. Ce pas important vers la sécurisation de l’AFPA et une bonne nouvelle pour les salariés de l’association mais surtout pour tous les demandeurs d’emplois qui ont tant besoin de son action. Des inquiétudes subsistent, car si d’un côté on reconnaà®t le rôle de l’AFPA dans la lutte pour l’emploi, on ne peut décider une réduction de ses effectifs. Nous demeurons donc extrêmement vigilants sur ce sujet. La lutte des salariés de l’AFPA et les annonces qui ont été faites sont la démonstration que des solutions existent et que l’intervention des salariés est décisive.

Sur la question des salaires, une volonté forte permettrait de corriger les inégalités entre femmes et hommes, qui sont évaluées à 27%. Cette remise à niveau permettrait d’augmenter le pouvoir d’achat des ménages et serait favorable à l’activité économique. Un SMIC à 1700€ est plus que jamais d’actualité. L’augmentation risible du SMIC de 3 centimes d’€ par heure représente en réalité une baisse du pouvoir d’achat, car la hausse réelle des prix va bien au-delà . Les salariés le savent pertinemment. Ceci nous permet de remettre en cause le mode de calcul de l’indice INSEE, qui ne prend pas assez en compte les dépenses incompressibles des salariés (logement, transports, alimentation, santé…) qui elles ne cessent d’augmenter. Que cela soit dans le public comme dans le privé nous ne cesserons de marteler que la revalorisation des salaires est une des réponses à la crise, en tant que vecteur incontournable de la relance économique ainsi que la revalorisation des pensions des retraités. L’austérité n’est pas la solution, elle est le problème !

Alors que les conflits du travail explosent, des antennes d’inspection du travail ferment. C’est inacceptable. L’inspection du travail n’a jamais répondu à notre interpellation sur ce point. Nous continuons à revendiquer une remise à plat de cette réorganisation des services et la réouverture des antennes de Saint-Denis et Montreuil.

Un collectif regroupant usagers et salariés de l’hôpital de Montreuil se bat pour empêcher le démantèlement de notre hôpital intercommunal. Hôpital qui couvre un bassin de 400.000 habitants. Des milliers de pétitions ont été signées pour le maintien intégral de tous les services de l’hôpital. C’est une nouvelle démonstration de l’attachement des populations à leurs biens publics. L’état doit prendre des dispositions concernant le remboursement des emprunts toxiques de l’intercommunalité, et soutenir beaucoup plus concrètement les hôpitaux publics du département. La seule et unique préoccupation doit être la réponse aux besoins des populations. L’Hôpital joue ici plus qu’ailleurs, un rôle essentiel, et nous n’accepterons pas de vivre dans un désert médical ! La loi HPST doit être abrogée.

Je vous le disais, nous condamnons le fait que notre territoire soit sous administré.

Par exemple, l’agence de la Banque de France de Saint-Denis, qui tant pour les dossiers de surendettement, que pour l’aide aux PME, fait un travail remarquable et très utile, doit être maintenue.

Je prendrai un autre exemple, particulièrement emblématique. Alors que la Seine-Saint-Denis doit traiter 10% des demandes administratives concernant les étrangers, de tout le pays, elle n’a que 150 agents dévolus à ce travail. A titre comparatif Paris, pour le même volume de travail bénéficie de 750 agents. C’est une entrave à l’accès aux droits ! Les salariés sans papiers subissent cet état de fait, puisque l’introduction d’une demande de régularisation connaà®t ici des délais de réponses déraisonnables. Attendre 1 an devient la règle !! L’Etat a-t-il décidé de faire de ces salariés des usagers de seconde zone ? Alors que ces personnes travaillent, ont des compétences et des savoir-faire que les entrepreneurs sollicitent, ils se voient mis de côté. Par manque de moyens, et parfois mauvaise volonté, les dispositions de la nouvelle circulaire ne sont pas appliquées. Régulariser ces travailleurs, c’est leur redonner leur dignité. C’est une question de justice et c’est aussi permettre de nouvelles rentrées de cotisations sociales. C’est la démonstration que la rigueur est une aberration tant économique que sociale. Le service public est vecteur autant de justice sociale que de développement économique.

Nous revendiquons aussi qu’une loi de titularisation des précaires des administrations, et portons l’exigence du maintien des services publics de proximité et de leur développement, pour que l’accès au droit ne soit pas un vœu pieux. Nous exigeons aussi l’arrêt effectif de la RGPP. Les assises du Service Public que les organisations syndicales avec des associations ont organisées le 24 mai dernier est un point d’appui important qui a reçu un écho large dont découle un Livre Blanc et une feuille de route (ci-joint).

Tels sont les dossiers que nous souhaitions vous faire remonter, sans être exhaustif, mais qui intéressent la question de l’emploi et l’avenir de notre département qui refuse d’être sinistré. Alors que les inégalités salariales et de richesses n’ont jamais été aussi importantes dans le pays, les salariés et la population n’acceptent pas de continuer à se serrer la ceinture. Sur tous ces dossiers nous demandons que s’ouvrent rapidement avec les acteurs concernés des calendriers de rencontres.

La CGT 93 restera mobilisée au plus proche du monde du travail et de ceux qui luttent. Elle continuera d’être force de propositions. Elle appelle d’ores et déjà à la mobilisation la plus large pour la journée d’action nationale dans la fonction publique et des cheminots du 31 janvier prochain.

Bobigny le, 17 janvier 2013.