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Le bac pro mérite quatre ans

jeudi 31 janvier 2008

L’Humanité du 31 janvier 2008

Les syndicats de l’enseignement professionnel d’àŽle-de-France (1) manifestaient à Paris pour protester contre la réforme du bac pro.

En novembre, Xavier Darcos annonçait la généralisation du bac professionnel en trois ans, contre quatre aujourd’hui. Pour Matthieu Brabant, secrétaire académique de la CGT Éduc’action Créteil, cette formule laisse peu de chances de réussite aux élèves fragiles scolairement.

Pourquoi le bac professionnel ne pourrait-il pas se préparer en trois ans comme le bac général ?

Matthieu Brabant. Nous ne sommes pas opposés au bac pro en trois ans qui existe déjà , mais à sa généralisation. Il faut maintenir les deux cursus. Beaucoup d’élèves arrivent au lycée en situation d’échec scolaire. Pour eux, quatre ans se justifient pédagogiquement. Notre premier travail est de les raccrocher et de les amener jusqu’au BEP, lequel sanctionne les deux premières années d’études. L’objectif, ensuite, est de les pousser tous jusqu’au bac. Aujourd’hui, seulement 50 % d’entre eux y arrivent. Ce taux sera encore plus faible s’ils n’ont que trois ans pour préparer leur diplôme.

Vous dénoncez la mise à bas du BEP. Xavier Darcos jure qu’il n’en est rien…

Matthieu Brabant. Le ministre joue sur les mots. Le BEP est un diplôme professionnalisant, doté de référentiels travaillés et reconnus par les professionnels. Xavier Darcos veut remplacer ce diplôme par une « certification BEP », dont le contenu n’est pas encore totalement défini. Les élèves l’obtiendront à mi-chemin de leur formation. Mais cette certification perd tout référentiel professionnel : ce ne sera plus un diplôme professionnalisant reconnu.

O๠en est-on de l’application de ce projet ?

Matthieu Brabant. Des syndicats ont signé un protocole de discussion par lequel le ministre conseille aux recteurs de laisser encore un an à la concertation. Ni la FSU ni la CGT n’ont signé ce protocole. Sur le terrain, nous le constatons très clairement : la généralisation est en marche. En àŽle-de-France, l’an prochain, les bacs pro en trois ans seront multipliés par quatre. En moyenne, deux cursus en trois ans ouvriront dans chaque établissement, sans concertation préalable. En juin, des élèves n’auront plus le choix : ce sera cela ou le CAP. Les suppressions de postes d’enseignants, elles, ne seront pas immédiates. Mais dans trois ans, quand les derniers bacs en quatre ans s’achèveront, nous redoutons une perte de 25 % des postes.

(1) CGT Éduc’Action, SNFOLC, SNETAA-EIL, SUD éducation (Créteil, Versailles), CNT SGEN-CFDT (Créteil), CNGA-CFE-CGC, SUNDEP, SNPEFP-CGT, SNALC (Créteil, Paris).

Entretien réalisé par Marie-Noëlle Bertrand