Quoi qu’on pense de Valls, de son action et de ses provocations xénophobes, une chose est sà »re : le mouvement syndical est concerné par le danger Le Pen-Dieudonné-Soral. L’enjeu n’est pas un bras de fer entre un ministre de l’intérieur et un provocateur facétieux. Dieudonné est devenu depuis plus de 10 ans un tribun antisémite qui voudrait qu’on le prenne pour un humoriste empêché de s’exprimer à cause des Juifs. C’est devant 5000 personnes qu’il parvient à faire applaudir le négationniste Faurisson en 2008. Il interviewe en juillet 2013 Serge Ayoub, le chef des JNR, organisation dissoute après la mort du jeune antifasciste Clément Méric, et conclut avec lui : « On représente la France d’en bas… on a le même ennemi, c’est une évidence » [1] .
A l’antisémitisme à prétention sociale, amalgamant les Juifs et la finance, Dieudonné ajoute un antisémitisme à prétention anticoloniale. Le prétexte de la Palestine vise à séduire la jeunesse des quartiers populaires. Comme l’analyse justement le syndicat du Livre CGT : « La propagande raciste du FN a l’inconvénient de repousser instinctivement les jeunes issus de l’immigration. …Dieudonné et Soral jouent un rôle complémentaire au FN : attirer ces jeunes vers les thèses de l’extrême-droite ». Dans un communiqué récent, l’association France-Palestine Solidarité [2] dénonce : « Dieudonné, l’imposteur raciste, n’est pas l’ami du peuple palestinien » et conclut : « Notre combat pour les droits nationaux du peuple palestinien se fonde sur les principes universels du droit des peuples. Il suppose le rejet déterminé de toute forme de racisme, d’antisémitisme et d’islamophobie, poisons dan¬gereux que nous combattrons sans faiblesse. »
Le mouvement syndical n’est ni neutre ni silencieux face à ce « monstre à trois têtes contre les travailleurs » [3]. En tant qu’éducateurs, nous sommes doublement concernés. L’initiative syndicale CGT-FSU-Solidaires du 29 janvier, à la bourse du travail de Paris puis au meeting du soir à Montreuil, a été une étape importante de cet engagement.