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Compte rendu audience ministérielle sur la réforme lycée du mardi 15/09/09

vendredi 18 septembre 2009

Ministère  : Patrick Allal, conseiller social du ministre et Erick Roser, conseiller pédagogique du ministre

CGT Educ’Action  : Patrick Désiré, Aline Louangvannasy, Samuel Serre, Brigitte Créteur



OBJET DE L’AUDIENCE

Le ministre souhaitait un approfondissement de certains points de notre contribution sur le rapport Descoings.



LE CALENDRIER DE LA RÉFORME

Septembre 2009, une série d’audiences bilatérales avec les différents partenaires (syndicats des personnels, associations parents d’élèves, syndicats lycéens). Fin septembre, éclairé par la synthèse des audiences, le ministre annoncera les grandes lignes de la réforme.
Puis un travail technique durera jusqu’en décembre et abordera les 3 niveaux : 2de, 1re et Tle. Tout est réfléchi en même temps contrairement à ce qui s’était passé précédemment.

Pas de report prévu, le calendrier est bien une mise en place progressive pour 2010, 2011, 2012. Les mesures significatives qui peuvent être mises en place dès 2010 le seront. La réforme sera terminée avec la montée totale en charge pour 2012.

Le Ministre a insisté sur le fait qu’on ne partait pas de zéro, qu’un travail avait déjà été fait avec la publication des rapports Apparu et Descoings.
Pour la modification des programmes, il faut respecter le délai de 1 an. Pour 2010, les grilles horaires et les programmes ne pourront pas être modifiés de façon substantielle. Les représentants du ministre se sont plaints des difficultés rencontrées chaque fois qu’ils ont voulu toucher aux grilles horaires, du poids des lobbying disciplinaires.
Après la phase d’approfondissement avec les différents partenaires, le Ministre va donner un schéma cadre avec les grandes orientations. Il est prévu de discuter de façon concrète uniquement sur la mise en œuvre.
Les textes seront présentés au CSE fin décembre ou début janvier.



LES 3 VOIES DE FORMATION

Nous avons renouvelé notre demande d’un examen conjoint des 3 voies de formation dans la réforme du lycée.

Les représentants du ministre estiment qu’il a tenu à envoyer des signaux forts pour la formation professionnelle.
Ils vont être très vigilants sur ce qui se passe dans les établissements. Ils seront attentifs aux passerelles à la mise en place qui actuellement se fait de manière très différentes selon les académies. Nous avons demandé un cadrage national. Ils estiment que certaines mesures de la réforme du bac pro pourraient être transférables (globalisation des horaires).

Ils semblent très attachés aux passerelles et aux possibilités de réorientation.

La DGESCO va engager un groupe de réflexion sur le CCF. Tout le monde sera présent dans les discussions y compris la CGT. Cette donnée doit être intégrée dans la réflexion.
Ils se posent la question s’il faut maintenir ou pas la voie technologique. Ils s’interrogent en particulier sur les séries industrielles. Ils disent vouloir comparer avec les séries professionnelles en examinant les proximités et les différences.

En ce qui concerne la voie technologique :
Nous avons rappelé notre attachement aux trois voies de formation et notre inquiétude sur la pérennité des STI, paradoxalement la réforme attendue de certains BEP ou bac pro tertiaires incite plutôt les élèves à aller en STG filière rénovée.
Les évolutions du marché du travail dans le secteur industriel, l’élévation du niveau de qualification requis, militent en faveur du maintien de la filière STI.

Dans l’hypothèse o๠les STI seraient conservées, ils nous ont interrogés sur les structures. Faut-il garder la structure actuelle ou faut-il faire des regroupements ? Y-a-t-il des options à repenser et à réformer ?
Actuellement 12 % des élèves d’une génération obtiennent le bac pro.
La voie techno a connu une rénovation pour le tertiaire et ST2S.
Pour STI il faudrait mieux réaffirmer la poursuite d’études.
Certaines organisations syndicales demanderaient pour les STI de couvrir des champs technologiques plus larges.

Nous avons rappelé que la filière technologique devrait permettre d’atteindre le niveau de la licence professionnelle. Nous sommes pour le maintien de la voie techno mais aussi pour le développement des classes préparatoires technologiques pour permettre à ces élèves de réussir.
La pédagogie dans les filières technologiques est différente cela permet de faire réussir les élèves. D’autre part les élèves sortant des filières technologiques devraient pouvoir intégrer les IUT or les places sont « trustées » par les sortants des bacs généraux et S en particulier.
Leur réponse est qu’il y a des places vacantes tous les ans dans les BTS industriels parfois avec des effectifs de classe très critiques à la limite de la suppression.

Nous avons rappelé la nécessité de la revalorisation de l’enseignement professionnel et technologique pour que les orientations soient plus positives et non plus vécues comme des renoncements successifs.

Ils pensent à la réforme globalement car maintenant ils y a des correspondances entre les niveaux du bac pro et du bac techno.
Les programmes de STI doivent obligatoirement être repensés car ils datent de 1993 et ne tiennent donc pas compte des évolutions technologiques.

Revalorisation de la série L

Ils nous ont interrogés sur notre vision des séries générales.
Pour nous : En série L il y a des disciplines très différentes : littéraires ou linguistiques.

Il faut redéfinir ce qu’est réellement la série L.
La filière L correspond au profil de certains élèves mais certains arrivent en L pour le littéraire et sont très étonnés de ce qui est demandé en histoire géographie ou philosophie qui sont plutôt des sciences humaines.

Il faut travailler sur les débouchés de la série L qui sont plus restreints que ceux de S.

L’attrait pour la série S vient aussi de son apparence plus généraliste. A l’issue de la série S tout est encore possible. C’est un moyen pour les jeunes et leur famille de retarder les choix dans l’orientation. Certains élèves vont souffrir en S et subir les enseignements scientifiques à haute dose. Le problème pour nous est de donner plus de souplesse au parcours scolaire pour ne pas enfermer les élèves et pour que le parcours des élèves en difficultés ne soit pas vécu comme une suite de renoncements.

Ils ont reconnu que le parcours linguistique n’était pas très clairement identifiable car l’approfondissement en langue est une spécialité de la série ES.

Ils veulent faire une réforme ambitieuse mais ils rencontrent des difficultés chaque fois qu’ils veulent toucher aux grilles horaires. Ils se sentent seuls et peu soutenus dès que les associations de spécialistes lèvent les boucliers pour défendre telle ou telle discipline. Ils reprochent aux organisations syndicales d’être alors silencieuses.
Comme le préconise Descoings on pourrait refaire de S une vraie série scientifique en augmentant le niveau d’exigences en maths à l’image de l’ancienne série C.
Pour la série L ils reconnaissent qu’il faut accroà®tre les débouchés, les liens avec l’enseignement scientifique sont nécessaires.


La question de l’ES n’a pas été abordée. Quid de la place des SES dans la réforme ?



ACCOMPAGNEMENT-ORIENTATION

Nous avons rappelé que pour nous l’accompagnement faisait partie des missions de l’enseignant. Le suivi peut être assuré en groupe ou individualisé. Par contre l’orientation était un travail spécifique nécessitant des personnels spécialisés. L’orientation nécessite du temps. Il faut respecter le droit au conseil et à l’information. Pour nous les différents opérateurs de l’orientation doivent travailler en complémentarité. Nous sommes opposés au mélange des missions entre COP, conseiller insertion pôle emploi et psychologue du travail AFPA.

Ils ont beaucoup insisté sur le rôle des enseignants qui connaissent le mieux les élèves et seraient donc les mieux placés pour les conseiller. Les enseignants connaà®traient bien aussi les aspects pédagogiques des différentes voies technologique ou générale et pourraient donc mieux expliquer ce qui s’y fait.
Nous avons rappelé que les enseignants n’avaient pas une vision globale du territoire en termes de formations et de tissu économique.
Comme ils veulent visiblement que l’orientation soit à la charge des enseignants et des profs principaux en particulier, ils envisageraient de mettre l’orientation dans la formation des enseignants.


MISSIONS DES ENSEIGNANTS

Nous avons rappelé que la réforme aurait des incidences sur les missions. Nous avons demandé comment seraient intégrées les nouvelles missions en termes de réduction de temps de travail.
Leur seule réponse actuelle est sous forme de prime pour les missions d’orientation.


EXPÉRIMENTATIONS

Nous avons demandé l’abandon de la sélection de la centaine d’établissement car les critères n’étaient pas clairs et que de nombreux établissements étaient étonnés d’être dans la liste.
Ils nous ont confirmés que ces établissements feraient normalement leur expérimentation au titre de l’article 34 comme les autres. Mais à ce titre ils devaient donc faire un bilan de leur expérimentation comme le prévoit la loi.
Nous avons demandé quel suivi et quelle évaluation étaient prévus.
Réponse les évaluations sont académiques mais c’est normal que le ministère ait un regard sur ce qui se fait. Mais ils reconnaissent que les expérimentations sont souvent le fruit de quelques collègues motivés et qu’elles s’arrêtent dès qu’il y a des mutations par exemple. Ils disent qu’il faudrait pouvoir faire connaà®tre les réussites, qu’il faudrait faire une sorte de banques de données.


AUTONOMIE

Nous avons rappelé notre attachement à un cadre national et que nous voulions une autonomie pédagogique mais pas administrative et financière.
Ils ont essayé de nous montrer nos incohérences entre la demande d’une autonomie pédagogique et le fait de demander des grilles horaires disciplinaires en LP alors que justement la réforme du bac pro prévoyait un horaire globalisé pour l’accompagnement personnalisé (70h) et pour l’enseignement général lié à la spécialité (50h). Selon eux, cet horaire globalisé laisse toute initiative aux équipes pédagogiques.


CONCLUSION

Nous avons passé le « grand oral » mais ils ont là¢ché très peu d’infos.

- Le calendrier sera respecté avec mise en place dès 2010 en 2de mais la plupart des programmes et grilles horaires qui en découlent ne seront pas finalisés

- On peut supposer que l’orientation sera sà »rement à la charge des profs dans le cadre de l’accompagnement avec rémunération sous forme de primes (mise en place sans difficulté possible dès 2010)

- L’avenir de la voie techno ne semble pas tranché définitivement. Ils vont probablement regarder au cas par cas en tenant compte du niveau exigible sur le marché du travail. Parfois la formation basculera en bac pro, parfois en bac techno.

- Annonce d’une réflexion sur le CCF