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Comité Interprofessionnel Consultatif (CIC) 31 mars 2008

lundi 31 mars 2008

Déclaration CGT au Comité Interprofessionnel Consultatif (CIC) 31 mars 2008

Si la CGT se retrouve bien face à l’objectif ambitieux affiché par le gouvernement d’amener la majorité d’une classe d’à¢ge au baccalauréat, tous les jeunes a minima au niveau V, force est de constater que la réforme annoncée au sujet de la voie professionnelle va à l’opposé des objectifs affichés, sans parler de la méthode adoptée.

La CGT et l’ensemble des organisations qui la compose se prononcent pour une scolarité de la réussite, garantissant à chaque jeune, non seulement un socle de connaissances, de compétences, une culture commune lui permettant de pleinement s’épanouir et d’être citoyen acteur, mais aussi une qualification, un diplôme permettant l’entrée dans un emploi digne et durable.

Le diplôme est pour nous le passeport pour l’emploi et le visa pour un parcours professionnel évolutif. Et pour cela, il ne faut pas des diplômes au rabais tels que les ingrédients de la réforme annoncée le laissent augurer.

Nous avons l’ambition que la formation (initiale comme continue) réponde aux besoins de la nation, des territoires et des personnes morales (les entreprises), comme physiques (les individus). Cette posture induit, comme d’ailleurs l’ont fait l’ANI 2003 et la loi de 2004 sur la formation professionnelle, de mettre la personne au centre, c’est-à -dire organiser les choses afin qu’elles fassent système autour de la personne pour créer les conditions d’une expression maximale des potentialités de chacun.

La réforme envisagée ne répond strictement pas à cet impératif.

Décidée – on pourrait dire décrétée – à la hà¢te, sans concertation (il n’est qu’à lire les déclarations de nombreux conseils régionaux ou de CESR pour le vérifier), conçue dans l’improvisation et promue dans la confusion, la réforme est en train de faire passer l’enseignement professionnel à côté d’une vraie chance de rénovation et de progrès.

Elle va empêcher des cohortes de jeunes d’atteindre le Bac Pro alors qu’ils y accèdent aujourd’hui en 4 voire 5 ans, puisque 20% des bacheliers ont eu besoin de cette année supplémentaire.

Les réflexions sur le BEP et plus généralement sur le niveau V sont stoppées. Les rénovations audacieuses et prometteuses de certaines spécialités, comme celle du tertiaire administratif, ont été enterrées, comme est abandonnée l’idée de faire coexister dans la souplesse des cursus différents selon les spécialités, par exemple pour les unes, l’accès en trois ans au Bac Pro, pour les autres, le maintien du BEP reconnus sur le marché du travail.

Au lieu de cela, une réforme confuse est imposée sans concertation, et nous ne pouvons considérer comme concertation le décalage du CIC afin d’organiser des rencontres en vis-à -vis avec les présidents et vice présidents de CPC, alors même que nombreux d’entre eux n’avaient pas eu les moyens d’organiser une réflexion sérieuse sur les problématiques du BAC Pro en 3 ans au sein de leur CPC.

Donc une réforme sans concertation, sans cadrage politique ni juridique sérieux.

En présentant de manière technocratique un modèle unique (« tous au Bac Pro ») vous ne tenez pas compte de la diversité des parcours et des spécialités. La réforme annoncée risque d’entraà®ner des conséquences désastreuses pour les jeunes avec entre autre :

-  une augmentation du nombre de jeunes sortant sans diplôme,

-  la disparition du BEP actuel, diplôme charnière de l’enseignement professionnel avec 450 000 élèves et apprentis,

-  une orientation précoce, un cloisonnement, avec fin des passerelles (devenues virtuelles),

-  la création d’un nouveau diplôme, certification annoncée intermédiaire dans la plus grande confusion, BEP rénové, qui serait donné comme lot de consolation aux jeunes qui n’iront pas jusqu’au BAC et qui, contrairement au BEP actuel, ne sera pas reconnue par les employeurs,

-  une aggravation de l’écart entre le diplôme et l’emploi qualifié, donc le salaire.

Comment imaginer que le Bac Pro en 3 ans tel qu’annoncé pourrait permettre à plus de jeunes de réussir alors que près de 1000 heures d’enseignement seraient supprimées aussi bien dans les matières technologiques, les spécialités, que les matières générales ?

Les hypothèses que vous avez travaillées ne portent que sur les flux et risquent de déboucher sur une réorientation de jeunes des filières technologiques vers le Bac Pro.

Le risque majeur est de voir l’Education Nationale elle-même déprofessionnaliser et dévaloriser ses diplômes. Au bout du compte, le Bac Pro deviendrait le premier niveau de qualification, dégradant ainsi la situation des jeunes qui seront soit enfermés dans l’impasse du CAP, soit munis d’un pseudo diplôme que serait la nouvelle certification intermédiaire.

Par le fait même de cette contre réforme, ces jeunes seraient stigmatisés comme n’ayant pu aller jusqu’au Bac. Nous voyons donc au moins trois aspects négatifs à cette réforme et aux modalités que vous avez adoptées :

-  le dogmatisme – vous décrétez et ensuite vous proposez de discuter des modalités de mise en œuvre. C’est ainsi que nombre de participants à la réunion du 20 décembre 2007 ont perçu les choses ;

-  une décision d’abord budgétaire – les 20 000 suppressions d’emplois par an et pendant 4 ans dans l’Education Nationale étant là pour l’illustrer ;

-  une absence de démocratie évidente enclenchée par la note aux recteurs d’septembre 2007 et prolongée dans un simulacre de discussions depuis, évinçant une partie des interlocuteurs sociaux comme des acteurs, dont certains engagés dans des réflexions sérieuses, parfois depuis plusieurs années.

Nous pourrions nous en tenir à cet énoncé de critiques, mais la CGT souhaite adopter une position conquérante et ouverte afin de faire avancer ce dossier dans l’intérêt des jeunes et de l’économie de notre pays.

Nous n’avons pas d’opposition de principe à l’existence de filières Bac Pro en 3 ans, à charge que les contenus de formation soient sérieux, mais nous tenons à conserver la voie en 4 ans afin de permettre au plus grand nombre d’accéder au niveau IV.

De nombreuses académies monte la demande de surseoir à une généralisation du Bac Pro en 3 ans dès la rentrée 2008.

De nombreuses régions monte la demande de respecter le travail mené depuis plusieurs années par l’ensemble des acteurs (partenaires sociaux, Etat, régions) entre autre dans le cadre de la préparation des PRDF. Compte tenu de ces éléments, la CGT demande :

-  un temps d’expérimentation de 3 ans avant d’envisager une éventuelle généralisation ;

-  une évaluation avec l’ensemble des acteurs dans le cadre régional des CCREFP, mais aussi au sein des CPC, incluant des études d’impact globales et sectorielles.

Nous avons noté le remplacement du mot généralisation par celui d’extension dans la convocation à ce CIC. Fasse que ce bougé sur l’utilisation des mots soit l’annonce d’une modification de position de votre part.



Compte rendu du CIC du 31 mars 2008.

L’administration a présenté les axes de la réforme (en s’appuyant sur une note interne que nous avons pu nous procurer), dans les termes suivants :

Il s’agit d’augmenter le niveau de qualification pour tous les jeunes, en offrant la perspective pour un maximum de jeunes de valider un niveau IV de formation et pour les autres, d’obtenir un niveau IV.

Augmenter le nombre de jeunes validant un niveau V de formation.

• En agissant sur leur motivation

o Les placer dans la perspective directe d’un baccalauréat.

o Leur offrir la possibilité de l’obtenir en 3 ans

o Donner une meilleur lisibilité de l’offre de formation : organiser cette offre en grands champs professionnels, définir un seul diplôme d’insertion de niveau V.

o Offrir des perspectives et des parcours variés à l’intérieur d’un champ.

• En permettant des parcours individualisés et des réorientations.

o Après une seconde professionnelle

o Après un diplôme de niveau V

o Après une première bac

o Après une première technologique

• Favoriser la réussite de tous les jeunes.

o En leur proposant des modalités pédagogiques adaptés : travail en groupe, travail en projet.

• En évitant les redoublements secs et en mettant en place des dispositifs de soutien sous forme de :

o aide individualisée

o modules de remédiation

o modules d’accompagnement d’une bifurcation dans le parcours, qu’il s’agisse d’un changement de spécialité ou d’un changement de voie.

Selon l’ampleur des besoins identifiés chez le jeune par un positionnement, ces dispositifs pourront être mis en place sur le temps hebdomadaire, sur le temps de vacances scolaires ou constituer des bretelles de consolidation de durée variable le long du parcours, notamment en vue de l’obtention du bac.

• En faisant évoluer la carte des formations au regard des perspectives d’emploi

o En tenant compte d’une insertion professionnelle différenciée (au niveau v, au niveau IV) selon les secteurs

o En anticipant l’évolution de la demande de compétences à l’horizon 2015.
o

Ce qui ressort du CIC.

Cette présentation a confirmer le projet de généralisation du bac pro 3 ans, mais la réunion a révélé l’impréparation et l’improvisation de la part de l’administration et les fortes inquiétudes voir les réprobations de l’ensemble des membres du CIC.
Selon le calendrier du ministère, la généralisation aura lieu à la rentrée 2009, avec la standardisation des formations en 3 ans. D’ici là tout reste à faire, pour aboutir au décret d’application. La rentrée 2008 se fera sans véritable cadrage nationale. Son organisation est renvoyée aux académies et in fine aux équipes éducatives dans les établissements.
Il faut noter en passant, que la réflexion sur les formations en apprentissage n’a pas été menée. Alors qu’on s’achemine vers la généralisation du bac pro 3 ans dans les formations sous statut scolaire, le 2+2 est maintenu dans l’apprentissage.

Par « définir un seul diplôme d’insertion au niveau V », le ministère entend donner un autre statut au BEP qui ne deviendra en fait qu’une attestation de scolarité surtout « utile » aux élèves ayant échoué au bac pro, ce qui en retour risque de les stigmatiser. Un intervenant au CIC a indiqué que cela pourrait agir comme un « marqueur » pour ceux qui n’ont pas obtenu le bac.
La dévalorisation du BEP s’accompagne d’une montée en puissance du CAP présenté comme la préservation du bac pro en 4 ans car ouvrant la possibilité d’intégrer une 2éme année de bac pro. Pourtant sa finalité et ses contenus correspondent mal à cette poursuite d’étude.

En pièce jointe vous trouverez les propositions de réorganisation des secondes professionnelles par champs professionnels. Les interventions au CIC ont pointé (y compris du côté patronal) le risque de dé-professionnalisation des formations. Il est a noté par ailleurs que dans ces propositions un certain nombre de bacs technologiques sont intégrés aux champs professionnels proposés.

Cette présentation présage –t-elle la réforme du bac technologique et plus particulièrement de la filière STI ?

Il se confirme que le ministère abandonne des projets qui avaient pourtant fait l’objet d’études approfondies, comme la réforme STI ou celle du tertiaire administratif dans la voie professionnelle par exemple, pour imposer sa réforme qui vise d’avantage une rationalisation technique qu’une amélioration pédagogique au service des élèves.

Alors que cette réflexion aurait du venir en amont les représentants de l’administration ont annoncé la réorganisation de la voie générale et de la voie technologique sans toutefois dévoiler précisément les modalités.

Pour le Bac Professionnel, la CGT a demandé un moratoire de 3 ans avec in fine, une évaluation du dispositif qui associerait les entités régionales jusqu’alors superbement ignorées par le ministère, alors que les régions ont des compétences partagées dans le cadre des PRDF.

Le CIC a été l’occasion de profondes critiques et de franches hostilités tant sur la forme que sur le fond de la plupart des participants mais le CIC ne donnant qu’un avis, la mise en place des bacs pro 3 ans va continuer et les différente CPC vont travailler sur le programme défini.

Reste à la CGT et à l’ensemble de ses organisations le soin de populariser la proposition du moratoire et d’organiser l’action