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Réorganisation du Bac : précipitation, généralisation sans évaluation

Communiqué de la CGT-Educ’action

jeudi 15 janvier 2009

La Cgt éduc’ation dénonce une généralisation de ce que X Darcos nomme la « reconquête du mois de juin ».Il communique comme si les personnels du service public d’éducation ne travaillaient pas auparavant, et ce pour les personnels de lycée, jusqu’au 11 ou 12 juillet, dates des épreuves d’oral de contrôle de l’examen. Cela représente une nouvelle provocation dans le contexte de la reprise annoncée par le président de la réforme du lycée.

Cette décision non concertée, arrivée tardivement par rapport à la fixation du calendrier de l’examen témoigne encore une fois de l’irresponsabilité de l’institution et du ministre.

Effet de manche, tactique de communication pour détourner l’attention et aucune volonté d’envisager les dysfonctionnements constatés lors des expérimentations en 2008 dans les académies et départements test, la CGT tient pourtant à disposition du ministre un bilan catastrophique.

C’est la même stratégie employée lors de la mise en œuvre des évaluations en primaire, alors que certaines questions porteront en janvier sur des parties du programme abordées plus tard dans l’année scolaire.

En effet, le ministre semble ignorer totalement le métier des enseignants.Or,ces derniers mettent en place, dès la rentrée de septembre des progressions annuelles, du travail collectif, des tenues d’examens blancs liées à des périodes définies par un calendrier scolaire, un découpage trimestriel, des projections de dates d examen. La CGT éduc’action s’interroge sur le « mobile » de cette nouvelle mesure : une partie de la réponse se trouve dans l’extrait de la déclaration du ministre ci-joint : « utilisation plus efficace de l’argent public. "Chaque semaine de cours au lycée coà »te 250 millions d’euros aux contribuables."

C’est donc cela, encore une mesure comptable, couplée à une volonté de faire travailler plus sans gagner beaucoup plus (5 euros la copie soit environ 15 euros l’heure !) les enseignants corrigeront désormais les copies tout en assurant leurs cours .Il s’agit donc encore comme dans le 1er degré de casser les repères collectifs du temps de travail, de la définition des missions et des rémunérations.

C’est pourquoi la CGT éduc’action demande au ministre de surseoir à sa décision en 2009 et de mettre en place une réunion (déjà demandée en juin 2008) permettant d’évaluer avec les représentants du personnels les expérimentations réalisés sur ce sujet.

Elle appelle les personnels à se mobiliser sur cette revendication aussi le jeudi 29 janvier grande journée de lutte inter professionnelle et unitaire.

Montreuil,le 19 janvier 2009


Lu dans le Café Pédagogique du 15 janvier 2009 : http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/01/15012009Accueil.aspx

Lycée : l’année scolaire bousculée par la "reconquête du mois de juin"

L’allongement de l’année scolaire en juin va bousculer profs, administratifs et candidats. Pour quels gains ?

Vous avez 18 ans, vous ne savez pas encore vraiment ce que vous allez faire après le bac et vous hésitez en vous disant que vous avez le second trimestre pour vous décider définitivement… En fait il vous reste environ une semaine pour savoir si vous ferez médecine ou biologie, anglais ou littérature. Une circulaire publiée aujourd’hui par le ministère chamboule l’année scolaire dans les lycées. "Au titre de la politique de reconquête du mois de juin … un nouveau calendrier pour l’orientation et l’affectation ainsi qu’un calendrier plus resserré… pour le baccalauréat ont été expérimentés avec succès en 2008…" écrit la note ministérielle. "L’objectif de reconquérir 3 semaines de temps scolaire sur le mois de juin apparaà®t réalisable".

Une année scolaire prolongée. De la 6e à la 2de les conseils de classe ne pourront avoir lieu avant le 15 juin, c’est-à -dire qu’ils sont repoussés d’environ 2 semaines. Les cours sont donc eux aussi prolongés d’autant. En première le conseil aura lieu à partir du 11 juin. En terminale les conseils se tiendront à partir du 8 juin. Le conseil de classe consacré à l’orientation est avancé : il ne pourra avoir lieu après le 7 février. Comme il faut avant le conseil recueillir les choix parentaux, il est clair que les élèves de terminale n’auront pas cette année beaucoup de temps pour travailler leur orientation.

Des examens légèrement repoussés. Le brevet aura lieu du 30 juin au 1er juillet. Les bacs généraux et technologiques commenceront le 18 juin et se termineront le 24 juin. Le bac professionnel aura lieu du 22 au 26 juin.

La vie des établissements affectée. Le déroulement des épreuves aura donc lieu alors que l’année scolaire ne sera pas terminée. Les professeurs corrigeront les copies tout en faisant cours. Il appartiendra aux chefs de centres d’examen de trouver des locaux et des surveillants tout en gardant les élèves.

Le calendrier des épreuves. Le ministère publie le détail des épreuves 2009. Le brevet aura lieu du 30 juin au 1er juillet. Les bacs généraux et technologiques du 18 juin au 24 juin. Les bacs professionnels du 22 au 26 juin.

Des examinateurs mieux rémunérés. Puisque "les enseignants concernés doivent désormais assurer la correction des copies en même temps que la poursuite de leurs activités d’enseignement" , la correction d’une copie passe de 1 euro à 5 euro.

L’organisation suivra-t-elle ? Stéphane Kessler dirige le SIEC, le service des examens d’Ile-de-France. Il lui revient d’assurer de bonnes conditions de travail à 200 000 candidats aux bacs généraux et technologiques et aux 25 000 candidats au bac professionnel. Interrogé par le Café, il voit dans la reconquête du mois de juin "un défi ambitieux". "Nous allons le relever", nous dit-il. "L’exercice est complexe mais je suis optimiste. La maquette n’a pas tellement changé par rapport à l’an dernier". Interrogé sur la nécessité de louer de nouveaux locaux, il estime que "ce ne sera pas nécessaire. Les épreuves devraient trouver place dans les établissements". "La circulaire n’est pas encore officiellement publiée et il nous faut encore un peu de temps traduire le calendrier". Mais il est clair que les dernières semaines de juin seront difficiles pour les enseignants astreints à faire cours et à corriger les copies d’examen ainsi que pour les administratifs obligés d’organiser tout cela.

Quels gains ? Pour le ministre, "ce dispositif favorise la poursuite de l’année scolaire jusqu’à son terme, permettant ainsi aux professeurs d’achever leur programme sans difficultés et aux élèves de disposer du temps nécessaire aux apprentissages". Et il est vrai qu’il la prolonge de 3 semaines, permettant ainsi d’atteindre 36 semaines de cours, un objectif recherché par les rapports d’audit et demandé par la commission Pochard.

Le dossier du ministère


"Reconquête du mois de juin" ou réforme en douce ?

"L’année scolaire commence au début du mois de septembre et devrait se terminer à la fin du mois de juin. Or, dans les lycées et parfois même dans certaines cités scolaires o๠se déroulent des épreuves du baccalauréat, ce temps scolaire n’est pas respecté et les conseils de classe, qui scellent l’avenir des élèves, se tiennent bien souvent à la fin du mois de mai. Cette situation entraà®ne, pour les lycéens, la perte d’un mois de scolarité par an" écrivait déjà il y a plus d’un an, en octobre 2007, Xavier Darcos. En 2008 le ministère a expérimenté le "reconquête" dans 5 académies (Rouen, Amiens, Dijon, Besançon et le département du Vaucluse). Les expérimentations ont montré qu’on peut demander aux enseignants d’assurer les corrections d’examen et les cours. Et voilà l’expérience généralisée.

L’intention est louable et répond à la demande de parents qui voient l’année scolaire partir en quenouille bien avant sa fin officielle et qui ne savent pas toujours quoi faire de leurs enfants en juin. Mais elle complique sérieusement l’organisation du baccalauréat et peut nuire à la sérénité des épreuves de ces mêmes enfants. L’examen nécessite des locaux calmes, éclairés et ventilés, du mobilier scolaire, la présence d’un secrétariat efficace et bien installé, des surveillants expérimentés, une liaison Internet… Toutes choses délicates à se procurer si les épreuves ont lieu alors que les élèves occupent les lycées.

Une réforme en douce. Alors pourquoi prendre ce risque ? Cette réorganisation permet l’allongement des services jusqu’à 36 semaines de cours, une recommandation de l’audit sur le lycée et du "rapport sur les décharges statutaires des enseignants du second degré" reprise ensuite dans le rapport Pochard. L’enjeu des 36 semaines n’est d’ailleurs pas sans rapport avec l’annualisation du temps de travail, une autre mesure de "modernisation" souhaitée par les audits pour diminuer le coà »t de l’école…

Si l’on veut croire ces rapports et ces objectifs enterrés par le crise, au moins reconnaitra-t-on à la "reconquête" une réelle capacité à réformer en fait le lycée, à poser la question de son efficacité.