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Élèves cherchent collèges, lycées…

Article de l’Humanité daté du 2 septembre 2009

samedi 5 septembre 2009

Moins de profs, moins de classes, plus d’élèves sans établissement… Les économies réalisées sur les effectifs enseignants se payent cash.

Alors que la majorité des élèves font leur rentrée, d’autres n’ont pas ce droit, faute d’établissement pour les accueillir. La galère des affectations revient chaque année, invivable pour ceux qui la subisse. Réduction drastique du nombre de postes, fermetures de classes, réforme de la carte scolaire, la politique du gouvernement laisse de plus en plus de jeunes, chaque année, à l’écart de l’éducation. « Supprimer des postes, c’est fermer des classes et surcharger les autres. C’est pour ça que des centaines de jeunes sont sans établissement », résume Matthieu Brabant, prof et militant UNSEN [1].

Selon Massira Baradji, président du syndicat lycéen FIDL, ils seraient « entre 1 500 et 2 000 élèves du secondaire sans affectation dans la seule académie de Paris ». De courriers en demandes de rendez-vous, les parents d’élèves sont désorientés et ne savent plus à qui s’adresser. Giselle Camales, dont le fils de dix-huit ans doit entrer en première, ne sait toujours pas dans quel établissement il va être affecté. « Le rectorat ne répond plus au téléphone et les directeurs d’établissement ne savent rien. Je n’ai aucune réponse et l’année scolaire commence », s’insurge la mère de famille. D’autant que son fils, majeur, n’est plus prioritaire.

Pour la fédération de parents d’élèves FCPE, le problème est en partie dà » aux inscriptions par Internet. Depuis deux ans, c’est le logiciel Affelnet (affectation des élèves par le Net) qui, par un procédé informatisé à 100 %, place les élèves dans un des six établissements de leur choix. La FCPE pointe le manque de prise en compte de certaines données « humaines », comme la motivation de l’élève ou le rapprochement d’une fratrie, dans ce type de procédures.

Le rectorat, pour sa part, se félicite de la mise en place d’un système « plus transparent et plus juste que le traitement à la main ». Pour Philippe Fatras, inspecteur d’académie à Paris, « Affelnet n’est pas la cause du problème ». Il assure que « toutes les demandes d’affectation ont été honorées ». Pourtant, il reste bien des élèves sur la touche.

Un collectif baptisé Parents en colère 2009, dont les enfants, issus du privé, ne sont pas affectés dans un établissement public, s’est même créé au début de l’été. Forts de l’article D-331-39 du Code de l’éducation nationale, qui garantit l’égalité de traitement de tous les élèves, ils ont saisi la HALDE, le 15 juillet dernier. Pour l’heure, pas de réponse concrète, sinon que ce dépôt a été jugé « recevable ».

Discrimination dans le traitement des dossiers ? Le rectorat ne s’en cache pas. Philippe Fatras explique simplement qu’il s’agit d’une « tradition parisienne, selon laquelle les dossiers des élèves issus du privé sont traités en dernier ». Pour Jamila Bessaih, à la tête de ce collectif, il s’agit bien d’une « atteinte au droit à l’éducation ».

Le rectorat l’assure pourtant : « Le nombre de jeunes sans affectation cette année n’est pas plus élevé que les années précédentes. » C’est visiblement déjà trop.

Marion d’Allard


Source : http://www.humanite.fr/2009-09-02_Societe_Eleves-cherchent-colleges-lycees


[1(UNSEN = CGT-Educ’action)