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A propos de l’évacuation de la bourse du travail de Paris

samedi 27 juin 2009

BOURSE DU TRAVAIL : EN SORTIR PAR LE HAUT

Communiqué de RESF

La situation engendrée par l’affaire de la Bourse du travail depuis 14 mois est une bombe propre à faire exploser le mouvement des sans papiers et celui de leurs soutiens qui, pourtant, n’ont pas besoin de ça.
A en croire une partie de la presse, les sans papiers ne seraient plus en lutte contre le gouvernement pour leur régularisation mais contre la CGT. Et la CGT serait le pire ennemi des sans papiers. Il faut arrêter ces délires !

Nous croyons fermement que, dans la situation de conflit passionnel actuelle, la seule position tenable consiste à dire, à répéter, que des erreurs (et peut-être plus) ont sans doute été commises, probablement de part et d’autres. Mais cela ne peut pas être la question de l’heure. Il faudra faire un bilan, quand nous serons sortis de la crise actuelle. Il faudra voir, comprendre ce qui s’est passé, quelles fautes ont été commises, par qui et quand. Mais cela ne peut pas être la question d’aujourd’hui.

La question qu’il faut résoudre d’urgence est de savoir comment sortir de l’impasse. On a des dizaines, des centaines de sans papiers à la rue, menacés à tout moment d’une possible intervention policière. Nous proposons donc de geler toutes les discussions sur les responsabilités de uns et des autres jusqu’à la résolution de la crise actuelle. Tout autre attitude qui aboutirait inévitablement à de nouveaux déchirements serait irresponsable et risquerait de conduire les ex-occupants de la Bourse à la catastrophe.

La boussole, c’est que c’est le gouvernement qui est responsable de cette situation. Elle n’existe que parce qu’il refuse la régularisation. Que les ex-occupants de la Bourse obtiennent des papiers et tous les problèmes disparaissent. C’est ainsi, nous semble-t-il, que la question doit être posée. On demande des papiers au gouvernement. Point barre. Pour le reste, on verra après.
Sur la base de ces deux points (refus de tirer un bilan tant que l’affaire n’est pas réglée, et rendre le gouvernement responsable de la situation), nous proposons que se rassemblent le maximum d’associations, de syndicats et de partis pour permettre une issue favorable pour les ex-de la Bourse.

Il est important que ce rassemblement soit large pour des raisons d’efficacité, mais aussi pour ne pas laisser en tête à tête ceux que les événements de ces derniers mois ont dressé les uns contre les autres.

Les ex-occupants de la Bourse y trouveront un appui et des relais véritables. Et, peut-être une chance de voir leurs revendications aboutir. La CGT qui est montrée du doigt dans les médias témoignerait ainsi de se capacité à s’engager de façon efficace et spécialement désintéressée.

Nous proposons qu’une réunion se tienne samedi 27 juin à 10 heures précises à l’EDMP, 8 impasse Crozatier 75012 Paris (M° Gare de Lyon, Faidherbe-Chaligny ou Reuilly-Diderot). Cette réunion est ouverte à toutes les associations, syndicats, partis qui mesurent la gravité de ce qui se joue autour de la Bourse du Travail et désireux de peser pour qu’on en sorte par le haut.

Réseau Education sans frontières



Communiqué de l’UD-CGT 75 du 25 juin

Le 24 juin 2009, vers 12h30, les organisations syndicales CGT de Paris et l’UD CGT ont effectivement procédé à l’évacuation de la Bourse du Travail.

Nous avons choisi un jour o๠la CSP 75 était en manifestation, ceci pour éviter au maximum les confrontations et les provocations.

Dès le début, nous avons proposé à la trentaine de sans papiers présents de sortir. Une dizaine d’entre eux l’ont fait de plein gré. Immédiatement, la vingtaine restante s’est emparée de tout ce qu’elle avait sous la main pour le jeter violemment sur les militants de la CGT : tables, chaises, caddies, bacs à ordures, pelles, racloirs balais, gamelles…

Nos militants ont reculé, attendu que les choses se calment et ont refoulé sans violence les sans papiers dans la grande salle ouverte sur le Boulevard du Temple. Dans les minutes qui ont suivi, plusieurs sans papiers ont démonté des bancs sur la voie publique et cassé des vitres du bà¢timent. Ce sont ces derniers incidents qui ont déclenché l’intervention des forces de police à l’extérieur de la Bourse sur appel de tierces personnes.

Il n’y a eu aucun blessé et aucune arrestation, il n’y avait aucun enfant dans la Bourse et, seules, 2 femmes y étaient présentes. La police n’est pas intervenue à l’intérieur de la Bourse du travail.

Après 14 mois d’occupation stérile, l’UD CGT 75 a été malheureusement contrainte de prendre cette décision d’évacuation. Lorsque l’on dit combattre des décisions politiques, on cible les adversaires qui en sont les auteurs. En l’occurrence les dirigeants de la CSP 75 ont fait le choix, inexpliqué à ce jour d’investir un lieu de lutte de leurs collègues travailleurs et syndicalistes.

Les plus de 2500 salariés qui se sont mis en grève dans plus de 100 entreprises depuis le 15 avril 2008 ont fait le choix de combattre patronat et gouvernement, de revendiquer sur leur lieu de travail et ont obtenu plus de 2000 régularisations dont 500 pour des travailleurs individuels.

Après plus de 200 heures de réunions unitaires ou bilatérales, la CSP 75 a refusé toutes les propositions qui leur ont été faites. La CGT, en février 2009 leur a soumis un projet de relevé de décision, dans le cadre d’une médiation sous l’égide du Haut Conseil des Maliens de France qui n’a pas ménagé son énergie.

Pourquoi la CSP 75, alors que nous étions proches d’un accord, a-t-elle repoussé toutes les propositions de travail et d’initiatives faites pendant 14 mois par les associations et organisations syndicales ?

Pourquoi le CSP 75, depuis 14 mois, expose t-elle les 1300 adhérents qu’elle revendique sans expliquer sa stratégie et sans prendre pleinement sa place de manière constructive dans l’ensemble des associations et organisations syndicales ?

Nous réaffirmons une fois de plus que l’adversaire c’est le patronat et le gouvernement, pas les autres salariés et leurs représentants.

Maintenant, il est temps de rassembler toutes les énergies disponibles dans leurs diversités, pour continuer à construire, à se rassembler dans le cadre d’un réel rapport de force efficace avec des objectifs clairement identifiés et définis.

Les luttes à mener sont nombreuses sur les salaires, contre les licenciements, contre les précarités, contre les discriminations, pour la régularisation des sans papiers dans et hors des entreprises, pour le développement des services publics, contre les centaines de milliers de licenciements.

La CGT y est prête, y travaille dans l’unité. Les salariés avec papiers ou pas ont besoin de ce rassemblement.

Fait à Paris le 25 juin 2009 à 15 h 45


OCCUPATION DE LA BOURSE DU TRAVAIL :
LA VOIE ETAIT SANS ISSUE

Communiqué de l’UD-75 du 25 juin

Les syndicats CGT de Paris ont contribué à mettre un terme à l’occupation de l’annexe Eugène Varlin, rue Charlot, de la Bourse du travail de Paris investie depuis le 2 mai 2008 par des travailleurs sans-papiers, sur l’initiative de la Coordination 75 des collectifs de sans-papiers.

Dès le début de cette occupation, les délégués de la Coordination des sans-papiers 75 ont interdit tout contact entre ces travailleurs sans-papiers et la CGT, ses militants et les autres syndicats.
Ces délégués ont cultivé l’idée que cette occupation de la Bourse du travail permettrait la régularisation des travailleurs sans-papiers isolés.
C’est volontairement qu’ils ont conduit dans une impasse ces travailleuses et ces travailleurs qui, comme d’autres, auraient pu faire le choix de s’organiser dans les syndicats pour mener des luttes collectives à l’entreprise.

C’est parce que nous ne pouvions laisser perdurer cette occupation stérile que le mouvement syndical parisien a décidé de sortir ces femmes et ces hommes de cette impasse, et ce, sans faire appel aux forces de l’ordre.

L’intransigeance des responsables de la Coordination 75 a été constatée à plusieurs reprises à l’occasion des nombreuses réunions qui, sur l’initiative de la CGT, ont rassemblé les Unions départementales CGT, CFDT, FO, FSU et Solidaires, les associations de soutien aux travailleurs immigrés (Ligue des droits de l’homme, Autre monde, GISTI, RESF, CIMADE …) et la coordination 75 des sans-papiers.

Les syndicats et les associations ont réalisé des actes concrets :
participation de la coordination 75 à la délégation qui a été reçue par le représentant du Préfet à l’occasion de la manifestation du 11 juin 2008 organisée par la CGT devant la Préfecture de police de Paris,
par courrier en date du 23 juin 2008, à la demande de la coordination, les syndicats et les associations ont saisi le ministre de l’Immigration d’une demande de rencontre au sujet des travailleurs isolés en difficultés pour obtenir des contrats de travail de leurs employeurs (1300 dossiers ont été recensés),
le 3 juillet 2008, à l’occasion d’une nouvelle manifestation à l’initiative de l’UD CGT de Paris, la Coordination a fait partie de notre délégation et date a été prise avec les représentants du Préfet de police de Paris pour la remise de leurs dossiers. Deux réunions à la Préfecture ont suivi, en présence et avec l’appui du secrétaire général de l’Union départementale CGT de Paris.

Ils ont formulé des propositions
parrainage par les syndicats des dossiers relevant de la régularisation par le travail, y compris ceux des travailleurs individuels qui ne peuvent pas se mettre en grève,
appui par les associations des dossiers des travailleurs non déclarés, sans contrat de travail ni bulletin de salaire,
appui par le réseau RESF des dossiers des familles ayant des enfants scolarisés,
étude de tous les dossiers par les associations et les syndicats, dans le cadre d’un travail en commun avec la Coordination des sans-papiers afin d’évaluer pour chacune des personnes concernées les chances objectives de régularisation afin de réduire au maximum les risques encourus et procéder à la construction collective des dossiers.

Toutes ces propositions, pourtant très constructives et d’ordre pratique, ont été refusées par la Coordination au motif qu’il s’agissait de « leurs dossiers ».
Qui peut comprendre une occupation motivée par un besoin d’aide et le refus de toute proposition ?
Plus fondamentalement, comment comprendre que la coordination 75 des sans-papiers porte préjudice au mouvement syndical, et en particulier à la CGT, tout en faisant soi-disant appel à son soutien ?

Ces derniers mois, nous avons même entretenu des contacts réguliers avec le Haut Conseil des maliens de France avec lequel plusieurs réunions de médiation ont eu lieu. A plusieurs reprises nous avons pensé que nous arriverions à trouver une issue positive par la signature d’un engagement pour des luttes communes et la construction d’un rapport de force unitaire, mais en vain !

Que signifiait donc cette occupation qui, au fil des jours, était devenue un « squatt » dont nous ne voyions pas la fin ? Qui avait intérêt à cette occupation mise en œuvre deux semaines après la grande grève des salariés sans-papiers déclenchée, le 15 avril 2008, dans plusieurs dizaines d’entreprises d’Ile de France ? Qui gênons-nous et à qui faisons-nous de l’ombre ?

En tout état de cause, s’avérant sans effet sur les pouvoirs publics et le patronat, s’avérant surtout sans issue et paralysant l’activité des syndicats par la spoliation de la majeure partie de leurs locaux (sept salles de réunions, deux imprimeries, entrave à l’accès normal du site aux salariés et syndicats parisiens…), cette pression insensée sur le mouvement syndical, et la CGT en particulier, ne pouvait durer. C’est pourquoi, les syndicats CGT de Paris ont décidé d’y mettre fin avec la certitude d’avoir tout tenté par le dialogue.

La lutte se poursuit
La CGT, qui se bat quotidiennement aux côtés des travailleurs sans-papiers, comme aux côtés de tous ceux qui luttent dans ce pays, ne pouvait continuer à être prise pour cible.
Elle devait retrouver la plénitude de ses moyens et faire cesser cette pression inadmissible parce que totalement injuste.
Les responsables du désespoir des sans-papiers sont, eux, les véritables adversaires, mais ils sont ailleurs !
Il s’agit de ceux qui ont la culture du résultat et appellent à faire du chiffre en remplissant centres de rétention et charters et de ceux qui, trop souvent, profitent de l’existence d’une « armée » de travailleurs sans-papiers et sans droits, donc exploitables à merci : gouvernement et patronat !

La lutte commencée à Paris, en février 2008, avec les salariés sans-papiers du restaurant « La grande Armée » a permis la régularisation de plus de 2000 salariés.

La CGT poursuivra son combat pour la régularisation de tous les autres.

Paris le 24 juin 2009 à 15h40