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Lycée : les dangers de la réforme

Dossier spécial de la CGT-Educ’action : tous les projets de textes, comparatif et analyse

samedi 5 décembre 2009

“Une réforme, c’est d’abord une méthode et un calendrier” , affirme le ministre de l’Education dans
le courrier qu’il adresse aux chefs d’établissement le 30 novembre 2009, avec les prescriptions pédagogiques
pour la diffusion de sa réforme. On aurait aimé qu’il fasse preuve du même souci pédagogique
en rédigeant sa réforme. On sait qu’au contraire, il s’agit avant tout d’ÉCONOMISER sur le budget
de l’Éducation nationale.

L’autonomie, pour le ministre, c’est d’abord réduire la quantité et la qualité de ce qui est mis au
service de l’élève.
On prétend donner plus, en retirant les conditions mêmes de l’apprentissage.
Et c’est toujours avec cet argument d’autonomie que le gouvernement s’attaque aux enseignants.
Mais ici, c’est de l’autonomie des établissements qu’il s’agit. Ses conséquences sur le métier d’enseignant
sont désastreuses.

Globaliser les dédoublements avec une répartition propre par établissement, tout en réduisant les heures
disciplinaires permet de supprimer des milliers de postes, et, en confiant plus de classes au même
enseignant, d’alourdir considérablement sa charge de travail. Voilà le but ultime de cette réforme presque
atteint.

Il suffit ensuite de penser la polyvalence des missions des enseignants, tour à tour surveillants quand
les élèves font leur travail personnel ; conseillers d’orientation sans qualification ni formation digne
de ce nom ; tuteurs individualisés dans leur travail quand la concertation pédagogique est le seul
moyen efficace de faire progresser les élèves dans la cohérence ; “challengeurs” quand ils soumettent
un projet en concurrence avec un autre au conseil pédagogique (dont la force devient presque décisionnaire
puisque la décision finale sur la mise en place d’un projet, proposé à deux reprises au conseil
d’administration et ayant essuyé deux refus, relèverait dorénavant de la seule décision du chef d’établissement)
 ; ou enseignants, si, si, mais dans des matières nouvelles, sans formation ni didactique de
la matière envisagées !

L’autonomie pour les jeunes, ce serait pouvoir construire son orientation dans un cadre sécurisant,
avec des interlocuteurs identifiés et qualifiés, des CO-psy. Ici, c’est la rhétorique de la démagogie qui
l’emporte :
on prétend offrir une multitude d’enseignements dits d’exploration dans chaque établissement,
ce qui ne sera pas le cas étant donné que cette réforme se fait à moyens constants.

On sait que ces choix de disciplines ne feront que mettre les établissements en concurrence.

Les stages passerelles, qui prétendent donner le droit à l’erreur aux élèves qui voudraient changer de
filières, ressemblent à une usine à gaz : comment se remettre à niveau en quelques jours sur des matières
telles que les lettres, les mathématiques ou l’économie ?

Enfin, aider les élèves à construire leur autonomie, c’est leur permettre de se construire dans la classe,
avec toute l’hétérogénéité intellectuelle et sociale qui la compose. Or, au lieu de penser le bénéfice
d’une entraide entre les élèves, dans des groupes plus petits, à taille humaine, la réforme relève toujours
d’une idéologie de l’individualisation dans le groupe classe : ceux qui ont des difficultés sont
“accompagnés” dans leurs difficultés, ceux qui réussissent approfondissent leurs réussites, et ceux qui
veulent construire leur projet d’orientation le font aussi, en classe entière, devant un enseignant dépassé
par ces multiples missions, et qui peut-être, ne connaà®tra même pas la classe.

Une réforme, c’est d’abord un bilan, un questionnement et une réponse
adaptée à des besoins, ici, pédagogiques.

La pédagogie mise en place par le ministre pour convaincre les enseignants que cette réforme est la
bonne et qu’elle est faite dans l’intérêt des élèves et des enseignants, ne fonctionnera pas.

Au contraire, cette réforme montre bien la volonté d’économie, l’idéologie individualiste et l’inculture
dramatique des concepteurs de la réforme en matière de recherche en didactique et en pédagogie dans
les trente dernières années.

Tout cela est porteur de graves dangers pour l’avenir et nécessite une réaction
d’ampleur qui associe à la fois les enseignant-es, les parents, les jeunes et
les citoyens car c’est bien toute la société qui est concernée.


Montreuil, le 4 décembre 2009


« 6 pages » spécial réforme du lycée

Projet d’organisation de la classe de seconde
Projet d’organisation des classes de première et de terminale
Comparatif entre les nouvelles et les anciennes grilles horaires (document CGT-Educ’action)
Projet décret EPLE
Document d’accompagnement