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Bac pro 3 ans : un nouveau rapport critique de l’Inspection Générale vient d’être publié

mardi 8 septembre 2009

Après un rapport (le rapport Prat) en 2005 qui positionnait l’Inspection Générale contre la généralisation du bac pro en 3 ans, ce nouveau rapport analyse cette généralisation. Ce nouveau rapport ne remet pas en cause le principe du bac pro en 3 ans mais critique directement sa mise en place. Certaines critiques ont déjà été formulées par la CGT-Educ’action : orientation chaotique des élèves sortant de 3e, décrochage, grilles horaires appliquées différemment, déprofessionnalisation, BEP dévalorisé, passerelles inexistantes...

Rapport Doriath-Cuisinier (2009)
Rapport Prat (2005)

Extrait du journal national de la CGT-Educ’action :

Rapport de l’Inspection Générale sur la réforme du bac pro
« le BEP, une certification dont la valeur risque d’emblée d’être mise en doute ».

Le rapport conjoint de l’inspection générale de l’Education ( Brigitte Doriath) et de l’inspection générale de l’administration ( Jean-François Cuisinier) a été publié début septembre. Etabli entre janvier et juin 2009, il reprend les observations établies à travers l’enquête effectuée dans 4 académies auprès des services rectoraux, des chefs d’établissements et des équipes pédagogiques d’une trentaine de collèges ou lycées. Le document développe et constate un certain nombre de points critiques que la CGT Educ’action a mis en avant depuis bientôt deux ans .Le rapport dans son intégralité est consultable sur le site CGT Educ’action : unsen.cgt.fr

Précipitation

Le rapport souligne la précipitation « un calendrier serré, sur la base de textes réglementaires publiés tardivement et dont certains éléments n’étaient pas encore connu fin mai ». C’est une évidence, le passage en force de Xavier Darcos a mis en difficulté la voie professionnelle. Restant dans une logique minimaliste, la réflexion sur cette « rénovation » n’a pas pris sa place dans une réflexion globale, indispensable, sur les 3 voies du lycée (générale, technologique et professionnelle) que défend la CGT. Il n’est donc pas étonnant de lire « ce constat amène à s’interroger sur les objectifs poursuivis au niveau national, concernant le devenir des passerelles entre voie professionnelle et voie technologique » ainsi que « des interrogations sur l’impact de la rénovation sur la répartition des flux entre voie générale et technologique et la nouvelle classe de seconde professionnelle ». La rénovation de la filière technologique industrielle (STI) sans cesse reportée aura-t-elle lieu ? La mise en place précipitée du bac pro 3 ans n’est-elle pas pour le ministère une façon de placer les enseignants et les élèves devant le fait accompli d’une disparition à terme de ces sections ? On peut et on doit s’interroger.

Calibrage

Les inspections estiment que « le calibrage de l’offre de CAP » est un « élément décisif de la réforme ». C’est un constat que nous partageons. Offrir 15 % de places en CAP ou en offrir 30 ou 35 % ce n’est pas du tout la même chose au regard des niveaux de qualification professionnelle attendus. Nous savons que l’orientation des élèves est trop souvent contrainte par les capacités d’accueil prévues. De ce point de vue les milliers d’élèves qui n’avaient pas trouvé de place à la rentrée 2009 dans l’enseignement professionnel sont révélateurs des disfonctionnements d’un système qui à bouleversé les possibilités d’orientation (fermeture de la plupart des BEP) sans en avoir préalablement largement discuté avec les différents partenaires. De quelle garantie dispose aujourd’hui un élève sortant de SEGPA pour obtenir une place en CAP, ou pour un autre, de choisir entre le CAP et le Bac Pro ?

« L’autonomie des EPLE vécue comme un abandon de l’institution »

Le rapport constate à plusieurs reprises la diversité des situations d’une académie à l’autre, d’un établissement à l’autre. La répartition des moyens (DHG) a été effectuée de façon très différente suivant les procédures académiques : Heures Postes, HSA ou HSE conditionnées à la mise en place de projets. Cela donne « une impression de flottement voire de précipitation » selon les chefs d’établissement. C’est le moins que l’on puisse dire ! La mission d’inspection dit comprendre les réactions sceptiques des équipes. « L’exigence d’une référence nationale (en particulier en ce qui concerne les horaires) considérée comme garante d’égalité et porteuse d’équité, domine encore ». Heureusement ! Sur le terrain les collègues ne souhaitent pas que les formations soient totalement disparates d’un établissement à un autre, d’une académie à une autre. Ils sont attachés à l’existence de diplômes nationaux dont les contenus doivent être clairement reconnus et validés. Les moyens de leur mise en place doivent être aussi parfaitement identifiés, c’est pourquoi nous exigeons des grilles horaires nationales… et hebdomadaires.

Le BEP

Comme nous l’avions-nous même dénoncé le rapport souligne les risques importants concernant la reconnaissance du BEP. « Le dispositif actuel paraà®t trop complexe et donc peu lisible pour les professeurs, les élèves et leur famille ». Il préconise la disparition du terme « certification intermédiaire ». Les représentants de la CGT au CIC ou lors du CSE sont intervenus très fermement contre les nouvelles dispositions arrêtées en juin pour la certification. C’est toute la voie professionnelle qui est mise en danger avec un BEP déprofessionnalisé : il est urgent d’ouvrir une réelle négociation sur les diplômes de la voie professionnelle.

Orientation

Beaucoup de remarques dans le rapport sur ce sujet de première importance. Les inspecteurs généraux écrivent que « l’information a été jugée tardive et trop souvent insuffisante par les acteurs de l’orientation ». De même « le devenir des probables décrocheurs du baccalauréat professionnel 3 ans » est aussi source d’inquiétude. Comment orienter entre le CAP et le Bac pro alors que « certains messages sont susceptibles de brouiller les objectifs de la voie professionnelle » comme par exemple l’insistance portée dans la communication sur la poursuite en BTS. L’élève s’engage-t-il pour 2 ans (CAP) ou 5 ans (Bac + BTS) ? Le rapport mentionne également la difficulté que représente la définition des champs professionnels, une des nouveautés des baccalauréats professionnels en 3 ans. Ceux-ci ne sont pas compris et portent le risque renforcé de déprofessionnalisation sans pour autant permettre une réelle orientation à la sortie de la seconde professionnelle, faute de sections existantes. En ce qui concerne la « fluidité des parcours » souvent mise en avant par le ministère, le rapport constate « des principes mais peu de dispositifs dans la plupart des académies ».


« L’impact de la réforme sur les postes »

Comment va être gérée la période transitoire 2010-2011 qui conduira à « un pic » (ouverture de la terminale là o๠il n’y avait qu’un BEP sans bac pro) « puis à une baisse de ces effectifs l’année suivante » ? C’est aussi une préoccupation de tous les collègues ! Le rapport préconise de « donner très rapidement des indications sur les DHG 2010 » ainsi que de réaliser « une projection de l’effet de la réforme sur l’évolution des postes et ses conséquences en GRH à l’horizon 2011-2012 » Le ministère n’a eu de cesse de répéter que cette réforme n’aurait pas d’incidence sur les emplois, voire en créerait. Mensonges ! Lorsque les sections de terminales bac pro en 4 ans seront supprimées le ministère va ramasser la mise : des milliers d’emplois de PLP disparaà®tront. L’objectif de la « réforme » sera alors clair. Loin d’une revalorisation de la voie professionnelle, c’est bien une diminution de la durée de la formation professionnelle, et des suppressions automatiques de postes qui l’accompagnent, qui font le cœur de cette politique !

Les personnels se battront pour une réelle formation professionnelle
Sut tous ces aspects et bien d’autres, non développés dans cet article (période de formation en entreprise, aide personnalisée…) ou qui ne sont pas évoqués dans le rapport de l’inspection générale (flexibilité et risque d’annualisation des services), les personnels de l’enseignement professionnel ont leur mot à dire. Ils peuvent compter sur la CGT Educ’action pour porter leurs revendications et organiser collectivement les luttes.

Alain Vrignaud

Matthieu Brabant